Le Gris du Gabon : un perroquet intelligent
A première vue, Griffin ne semble pas plus intelligent qu’un enfant de 4 ans – ce n’est qu’un oiseau après tout. Cependant, un Gris du Gabon peut facilement surpasser de jeunes enfants sur certains tests intellectuels, dont celui qui mesure la compréhension du volume (en m3).
Le test piagétien classique fonctionne de la façon suivante : montrez à un enfant 2 verres de jus identiques et demandez-lui lequel il veut. L’enfant rira et dira que ce sont les mêmes. Ensuite, versez le jus dans des récipients séparés – l’un grand et fin, l’autre petit et large – et redemandez à l’enfant de choisir.
Jusqu’à 6 ans, les enfants choisissent typiquement le récipient le plus grand, en pensant qu’il contient plus de jus.
En comparaison, Griffin ne s’est pas décontenancé – et a même été assez intelligent pour regarder les tests qui étaient destinés à le tromper – face aux expériences menées par Irene Pepperberg, chercheuse associée au Département de psychologie de Harvard, et Francesca Cornero d’Harvard également.
On a montré 2 récipients différents de jus au perroquet, qui ont ensuite été versés dans des coupes dont 1 avait un faux fond pour donner l’impression que le contenu des récipients étaient aux mêmes niveaux.
À chaque fois, Griffin reconnaissait la coupe contenant le plus de jus, même lorsque les chercheurs croisaient les bras pour l’induire en erreur.
« Nous avons d’abord effectué des tests pour voir s’il choisirait la tasse qui en contient le plus, et si, quand nous les verserions dans de nouvelles coupes identiques, il serait capable de suivre nos mouvements de mains. » a dit Mme Pepperberg. « Puis nous lui avons montré quel récipient en avait le plus et lequel en avait le moins et nous avons versé le jus dans des récipients qui ont l’air d’être les mêmes mais qui ne le sont pas. L’idée étant que s’il suit nos mouvements, Griffin peut se rappeler quelle coupe en a le plus et ne se laissera pas berner. »
Pour Irene Pepperberg et Francesca Cornero ces tests sont une façon d’explorer l’intelligence des oiseaux afin de mieux comprendre les racines de l’intellect humain.
« L’idée ici est que dans leur environnement, [les oiseaux] auront besoin de savoir que le changement d’apparence n’affecte pas la quantité : par exemple, un fruit écrasé a la même valeur nutritionnelle qu’un fruit non écrasé » dit Irene Pepperberg. « 300 millions d’années d’évolution nous séparent des oiseaux, et leur cerveau est organisé différemment du nôtre… mais évidemment ce type de connaissance est important sur le plan de l’évolution, car ils l’ont. »