Le cas de picage de Bajoue, femelle Gris du Gabon

La façon dont nous avons traité le picage de cet individu n’est pas une méthode miracle. Il existe de nombreux cas de picage qui résultent de causes différentes. Bajoue a fait l’objet d’un cas clinique et nous avons minutieusement réfléchi aux méthodes à employer afin d’enrayer ce symptôme avec l’aide de spécialistes et scientifiques. Les explications restent indéterminées à ce sujet puisqu’aucune étude n’a à ce jour révélé d’explications aux cas de picage que nous rencontrons chez les perroquets captifs. Chaque cas est différent et il est primordial de faire un bilan vétérinaire complet et de se faire aider afin d’identifier et d’étudier la cause du problème.

La semaine dernière, nous vous avons présenté Bajoue. Une femelle Gris du Gabon arrivée à la fondation avec de sérieux troubles du comportement.

Elle avait, entre autres, développé de nombreux troubles du plumage, allant jusqu’à l’arrachage complet de la plume depuis sa base (calamus).

Le picage est un comportement mutilatoire des plumes et de la peau, fréquemment rencontré chez les psittaciformes en captivité. On distingue plusieurs types de troubles du plumage et des stades plus ou moins avancés ; allant du sur lissage, en passant par le découpage, l’arrachage et en allant parfois jusqu’à la mutilation de la peau. Malgré le nombre d’oiseaux captifs touchés par ces comportements de mutilation, les explications restent extrêmement floues à ce sujet. Il s’agit d’un comportement dont les causes sont multifactorielles et qui est par ailleurs difficilement quantifiable.

Afin de pouvoir envisager résoudre les soucis de picage en touchant directement la cause de celui-ci, nous avons dans un premier temps réalisé un examen vétérinaire complet afin d’écarter tous risques de pathologies qui pourraient entraîner ces comportements. Malgré les risques de pathologies graves écartées les examens ont révélé chez Bajoue un foie anormalement gros, un cœur anormalement gras ainsi que la présence de dépôts graisseux dans l’épaisseur de la paroi artérielle (athérosclérose). Ces problèmes résultent d’un régime alimentaire inadapté et trop riche en lipides. De plus, Bajoue vivant en cage, elle n’avait pas la possibilité d’avoir une activité physique suffisante pour que son métabolisme puisse gérer convenablement cet apport lipidique important.

Il était donc primordial de lui offrir des conditions de vie répondant à ses besoins physiologiques et psychologiques.

Ce processus est passé par l’élaboration d’un régime alimentaire équilibré. Nous avons donc mis en place un protocole de transition alimentaire afin que Bajoue dispose d’une alimentation adaptée à ses conditions de vie tout en prenant en compte les résultats des examens sanguins.

Le Gris du Gabon est une espèce très sensible à l’excès de lipides dans son alimentation. Cet excès ne pouvant être convenablement assimilé par l’organisme de l’oiseau, on observe un stockage croissant des graisses au sein des artères. À terme, des lésions de la paroi artérielle peuvent être causées ou encore l’obstruction du vaisseau… Il est donc important de réagir rapidement afin de ne pas aggraver la situation.

Les besoins de Bajoue étaient alors facilement identifiable :

  • Une alimentation plus adaptée avec moins de lipides et une proportion de sucre contrôlée 
  • Vivre avec des congénères de son espèce au sein d’un grand espace lui permettant de voler

Elle a donc rapidement intégré notre groupe de Gris du Gabon. D’une petite cage elle est alors passée à un espace de 40m2, sur 4m de hauteur. La présence de congénères de son espèce l’a rapidement encouragé à développer des comportement de vol et d’exploration. Sa nouvelle alimentation, plus adaptée, a rapidement fait ses preuves et nous observions beaucoup moins de mutilation.

Après de nombreux mois, Bajoue à laissé totalement son plumage repousser comme en témoignent les deux photos avant/après prises à 8 mois d’intervalle.

Les derniers examens vétérinaire ont révélé que ses organes sont en bien meilleur état qu’à son arrivée. Ces résultats sont encourageants pour les équipes de la PWLF. Nous savons en revanche qu’il s’agit encore d’un équilibre fragile, et que Bajoue reste très sensible. Nous resterons très précautionneux quant à son alimentation et ses besoins plus spécifiques.

Beaucoup de cas de picage sont extrêmement compliqués à résoudre, ils nécessitent souvent de longues réflexions et la mise en place d’un environnement de vie adapté aux besoins de l’oiseau. Il est primordial en revanche de consulter un vétérinaire spécialisé afin d’effectuer un bilan de santé détaillé du perroquet qui se mutile.

Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un comportement incompris, variant sensiblement d’un individu à l’autre. Les perroquets restent des oiseaux qui sont extrêmement difficile à épanouir dans un contexte captif tant leurs besoins sont spécifiques. 

Gardez en tête que pour un perroquet, le plumage est un outil précieux qui assure sa survie dans la nature. Toute mutilation de celui-ci doit donc être perçue comme une situation alertant d’un symptôme sérieux.